19 décembre 2025

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Cérémonie officielle pour quelques sacs de riz : quand le discours sur la souveraineté se heurte à la réalité de la dépendance alimentaire en Haïti 

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Le 17 décembre 2025—Haïti a organisé une cérémonie officielle pour marquer la remise de fournitures alimentaires destinées aux victimes de l’ouragan Melissa. Une cérémonie, des discours, des photos, des remerciements appuyés. En toile de fond : quelques sacs de riz et quelques bouteilles d’huile, financés par une contribution d’un million de dollars du Gouvernement du Japon, au bénéfice de 8 170 personnes.

L’assistance, mise en œuvre par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), est sans doute nécessaire. Elle sauve des vies. Mais ce qui choque, ce n’est pas l’aide en elle-même : c’est le spectacle politique qui l’accompagne, et surtout l’indécente contradiction qu’elle révèle.

Car dans le même pays où l’on organise des cérémonies officielles pour recevoir de la nourriture étrangère, on entend quotidiennement des discours enflammés sur la souveraineté nationale, l’indépendance bafouée et le rejet de la communauté internationale. Quelle souveraineté exactement ? Celle qui oblige un État à tendre la main pour nourrir ses citoyens après chaque catastrophe ?

Parler de souveraineté tout en quémandant du riz et de l’huile relève non plus de l’ignorance, mais de la mystification politique. La souveraineté ne se proclame pas au micro d’une cérémonie financée par des bailleurs étrangers. Elle se démontre par la capacité d’un pays à produire, anticiper, protéger et gouverner.

Le vrai scandale n’est pas que le Japon aide Haïti — au contraire, cet appui honore Tokyo. Le scandale, c’est qu’après des décennies de discours nationalistes, l’État haïtien demeure incapable d’assurer le minimum vital à sa population. Pire encore, cette dépendance est normalisée, mise en scène et parfois même célébrée, comme si l’échec structurel devenait un événement à commémorer.

Les populations vulnérables n’ont rien à se reprocher. Elles subissent. Mais ceux qui, d’un côté, crient à l’ingérence étrangère et, de l’autre, se pressent autour des cargaisons humanitaires, portent une lourde responsabilité morale et politique. On ne construit pas une nation souveraine avec des slogans, encore moins avec des dons perpétuels.

Tant que la souveraineté servira de paravent rhétorique pour masquer l’incompétence, l’irresponsabilité et l’absence de vision, Haïti continuera à organiser des cérémonies pour célébrer ce qui devrait être une humiliation nationale : l’incapacité chronique de nourrir son propre peuple.

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