« Claquer la porte » : quand Petro expulse les diplomates israéliens et rompt le traité de libre-échange
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Gustavo Petro vient de poser un geste radical pour marquer sa rupture avec Israël : il a ordonné l’expulsion de tous les diplomates israéliens de Colombie et annoncé la dénonciation immédiate de l’accord de libre-échange entre son pays et l’État hébreu. Rien de moins que de changer les serrures de la diplomatie — un spectacle autoritaire, mais aussi hautement symbolique.
La décision survient après que l’armée israélienne a intercepté la flottille « Global Sumud », un convoi maritime humanitaire visant à briser le blocus de Gaza. Deux Colombiennes à bord, Manuela Bedoya et Luna Barreto, auraient été arrêtées lors de l’opération — ce que Petro qualifie de « nouveau crime international ».
Dans sa réponse, le président colombien n’a pas choisi la demi-mesure : plutôt que de simplement protester ou rappeler son ambassadeur, il a expulsé toute la délégation diplomatique israélienne encore présente dans le pays.
Mais son initiative va plus loin : il a aussi annoncé la dénonciation de l’accord de libre-échange Colombie-Israël, en vigueur depuis 2020.
Ce n’est donc pas une simple crise diplomatique : c’est une fermeture tous azimuts.
Une rupture totale, et non pas un simple désaccord
Il y a rupture, et rupture. Ici, Petro ne renonce pas à négocier : il coupe les ponts. En expulsant les diplomates et en dénonçant l’accord commercial, il fait d’Israël un paria sur le plan bilatéral. Il ne s’agit pas seulement d’un bras de fer verbal, mais d’une reconfiguration radicale de la relation.
Le geste rappelle cette image : claquer la porte d’une pièce pour que personne ne puisse la rouvrir sans votre consentement. Et, en plus, brûler les clés. C’est un coup de théâtre, autant qu’une stratégie politique.
Quelle portée et quelles conséquences ?
Impact diplomatique immédiat : Israël perd sa représentation officielle en Colombie, ce qui rend toute médiation ou dialogue futur beaucoup plus difficile. Dimension juridique et internationale : Petro promet d’attaquer l’État israélien devant les cours de justice et d’inviter des juristes internationaux à appuyer la cause colombienne. Effets économiques : la dénonciation de l’accord de libre-échange pourrait freiner les échanges, investissements et coopérations commerciales entre les deux pays. Signal politique global : ce type d’action extrême peut galvaniser les partisans de la cause palestinienne, mais suscitera aussi des critiques sur la méthode (acte unilatéral, radicalité diplomatique).
On peut comprendre la colère de Petro face à ce qu’il perçoit comme une injustice — mais sa méthode pose question. La diplomatie, dans ses grandes stratégies, a souvent consisté à maintenir des canaux même avec des interlocuteurs contestés. Ici, en fermant tout canal, Petro sacrifie la possibilité de dialogue futur.
C’est un acte spectaculaire, mais aussi risqué : sans canal de communication, les tensions peuvent s’envenimer davantage. En outre, sur la scène internationale, un tel coup peut être perçu comme une posture populiste — un geste fort, mais dont la viabilité sur le long terme reste incertaine.