La République ne doit pas se transformer en refuge pour les magistrats déchus : le cas Frito Aristil, leçon d’éthique pour la nation
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Le CSPJ écarte définitivement le juge capois pour manquements graves à l’éthique. Sa non-ratification consacre l’effondrement d’une crédibilité déjà fragilisée et soulève la question de la moralité publique.
Port-au-Prince / Cap-Haïtien, 21 octobre 2025 —La décision du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) de ne pas ratifier le magistrat Frito Aristil marque une étape majeure dans la lutte contre la déchéance morale au sein de la magistrature haïtienne.
Motif officiel : incompétence et manque d’intégrité professionnelle.
Ce verdict administratif n’est pas anodin : il met un terme à la carrière d’un homme dont la conduite professionnelle s’est révélée incompatible avec les obligations déontologiques imposées aux gardiens de la loi.
Le juge Aristil, rappelons-le, avait choisi de présenter sa démission avant la publication de la liste officielle des magistrats certifiés.
Ce retrait précipité, loin d’être un acte de dignité, s’analyse juridiquement comme une manœuvre dilatoire destinée à soustraire le magistrat à la sanction disciplinaire imminente.
Dans le langage juridique, une telle conduite constitue une tentative d’évasion de responsabilité administrative, aggravée par la gravité des motifs retenus par le CSPJ.
Le manquement à l’intégrité, dans le cadre de la fonction judiciaire, porte atteinte à l’ordre public, car il brise le lien de confiance entre le citoyen et l’institution chargée de dire le droit.
En d’autres termes, un juge qui trahit sa charge trahit la République.
Depuis sa mise à l’écart, des rumeurs persistantes font état de l’intention de M. Aristil de se lancer dans la politique, possiblement comme candidat à une fonction élective.
Une telle démarche, au regard du droit public et de la morale civique, constituerait une injure à la conscience nationale.
Être reconnu inapte à juger des citoyens pour défaut d’intégrité ne peut raisonnablement conduire à prétendre représenter ces mêmes citoyens au Parlement ou à la mairie.
La Constitution haïtienne, en son article relatif à la moralité publique, exige de tout aspirant à une fonction élective une probité incontestable.
Ainsi, la non-ratification pour corruption ou incompétence devrait être un obstacle éthique absolu à toute candidature politique.
Le passage de la magistrature à la politique ne doit pas servir de refuge pour les disqualifiés de la justice.
Lorsqu’un juge sanctionné se reconvertit dans la sphère électorale, il transforme la démocratie en asile de l’incompétence et compromet la crédibilité même de l’État.
La République ne peut tolérer qu’un individu frappé d’une telle perte d’honneur se réinvente en prétendu défenseur du peuple.
En refusant de ratifier Frito Aristil, le CSPJ envoie un message clair : l’ère de l’impunité institutionnelle touche à sa fin.
Cette décision n’est pas seulement administrative, elle est symboliquement fondatrice : elle rappelle que le port de la toge est un serment de droiture, et non un instrument de privilège.
Le pays ne pourra se relever que lorsque la fonction publique, judiciaire ou politique, sera réservée aux citoyens irréprochables.

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