Le dialogue introuvable prescrit par les Américains.- (un éditorial de Frantz Duval)

Un haut responsable américain est de passage en Haïti pour tenter de relancer le processus de dialogue politique entre le Premier ministre et les membres de l’accord de Montana.

La secrétaire d’État adjointe aux opérations de conflit et de stabilisation s’est entretenue séparément ce mardi avec Ariel Henry et le Bureau de suivi de l’accord de Montana.

En visite en Haïti depuis le 7 mars, Anne Witkowsky indique que les Etats-Unis continuent d’encourager le dialogue pour arriver à un large consensus politique.

Le Nouvelliste revient en Une sur ce nouvel épisode de l’appui des États-Unis d’Amérique à ce qui semble être la mission la plus difficile au monde : encourager les politiciens haïtiens qui ne veulent pas trouver une entente à se parler.

« Bonne discussion aujourd’hui à l’ambassade des États-Unis en Haïti avec les signataires de l’Accord du Montana sur les besoins de stabilisation à long terme d’Haïti. Les États-Unis continuent d’encourager le dialogue entre tous les Haïtiens pour parvenir à un large consensus politique », peut-on lire dans un message posté sur Twitter par l’ambassade des USA en Haïti.

« Lors de cet entretien, a ajouté la Primature sur Twitter, « le chef du gouvernement a réaffirmé sa ferme volonté de restaurer la sécurité et de poursuivre le dialogue national avec les forces vives du pays, en vue d’un large consensus dans la perspective des prochaines consultations populaires. »

Interrogé par Le Nouvelliste pour savoir si le Bureau de suivi de l’Accord de Montana (BSA) maintient ces préalables pour la reprise du dialogue avec Ariel Henry, un membre du BSA qui n’a pas voulu être cité a confié au journal : « Le BSA attend toujours la réponse à sa lettre du 14 février. Il n’a encore rien reçu. » La source du journal au BSA a souligné qu’à aucun moment les échanges avec la secrétaire d’état ajointe n’ont porté sur ce sujet. « C’était une rencontre d’écoute réciproque.

Depuis des mois, des années mêmes, comme ce fut le cas au temps du président Jovenel Moïse, les politiciens haïtiens s’ingénient à ne pas se parler franchement et clairement.

Toutes les occasions sont gaspillées, tous les tournants de la situation sont insuffisants pour changer la position des uns et des autres. Le pouvoir se dit disposer, l’opposition aussi mais cela ne va jamais plus loin.

On ne sait pas comment finira la partie de poker menteur. Les jours passent, la situation s’aggrave sur plusieurs points, le monde s’embrase dans une nouvelle guerre, les Haïtiens brûlent les jours.

Il n’échappe à personne que, comme le président Moïse, le premier ministre Henry et l’opposition n’ont pas de programme pour affronter les difficultés que confrontent le pays et la population. 

On parle encore de dialogue parce que les Américains en ont fait un prérequis. Pas plus.