L’héritage des hackers chinois : des trolls adolescents aux cyberespions d’État
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Pékin / Washington — Juillet 2025
Avant d’être traqués par les agences de renseignement occidentales et inculpés pour cyberespionnage à grande échelle, ils n’étaient que des adolescents passionnés d’informatique, animés par le patriotisme et une soif de défi numérique.
Ils s’appelaient les “Honkers”, un jeu de mots sur “hackers” et “red” (la couleur du drapeau chinois). Ces jeunes pirates chinois se voyaient comme des guerriers du clavier, engagés dans une forme de lutte idéologique à coups de lignes de code.
Au tournant des années 2000, ces jeunes “geeks” s’amusaient à détourner des sites japonais, américains ou taïwanais, pour défendre l’honneur de la Chine en ligne. Rien de très sophistiqué à l’époque : vandalismes numériques, défigurations de pages web, messages provocateurs.
Mais le gouvernement chinois les a repérés, compris leur potentiel… et les a intégrés. Une stratégie bien connue à Pékin : transformer des initiatives informelles en bras technologique de l’État. “Jouez à des jeux de hackers stupides, et vous pourriez finir avec une carte d’agent secret… ou une assignation à comparaître du FBI”, ironise un analyste cité par Wired.
Deux décennies plus tard, certains de ces ex-“Honkers” dirigent aujourd’hui des sociétés écrans sous contrat avec l’État chinois. Leur mission : développer des outils de surveillance, infiltrer des réseaux gouvernementaux et voler des données sensibles dans le monde entier.
Selon les services de renseignement américains, un groupe lié au ministère chinois de la Sécurité d’État aurait récemment piraté plus de 100 cibles, incluant des institutions gouvernementales, des entreprises de télécoms et des ONG. Les inculpations américaines tombent, mais l’ombre de la Chine plane toujours dans le cyberespace mondial.
Au-delà de la technique, ce phénomène traduit une réalité plus profonde : la guerre de l’information se joue aussi dans les esprits. Le patriotisme numérique, encouragé par l’État chinois, a permis de créer une génération de jeunes talents orientés vers des missions d’influence, d’espionnage ou de sabotage.
L’évolution des “Honkers” reflète la stratégie chinoise : utiliser ses propres citoyens comme levier de puissance dans l’univers numérique, souvent en brouillant la frontière entre activisme, criminalité et opérations d’État.
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