Diplomatie : la rédaction de Lakayinfo démontre l’infondé des arguments américains sur le rappel des diplomates haïtiens
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Port-au-Prince – Suite à la demande des États-Unis exigeant le rappel immédiat de plusieurs diplomates haïtiens accrédités à Washington, la rédaction de Lakayinfo a consulté des experts en droit international et d’anciens diplomates. Leur analyse montre que la position américaine ne repose sur aucun fondement juridique réel et constitue une ingérence dans la politique diplomatique d’Haïti.
Le Département d’État américain invoque un prétendu principe de rotation du personnel diplomatique, affirmant que la présence prolongée de certains diplomates haïtiens constitue une « violation grave » de la Convention de Vienne (1961).
Or, d’après plusieurs juristes contactés par Lakayinfo, aucune disposition de la Convention ne fixe une durée maximale pour l’affectation des diplomates.
Article 4 : établit que les États ont le droit de nommer et retirer leurs représentants diplomatiques, sans imposer de limites de durée. Article 9 : prévoit que le pays hôte peut déclarer un diplomate persona non grata, mais ce droit ne limite pas le temps de séjour d’un diplomate déjà accepté. Article 27 : garantit la liberté du diplomate dans ses fonctions, dans le respect des lois du pays hôte, mais ne mentionne aucune obligation de rotation.
« La Convention de Vienne encadre les privilèges et immunités, mais laisse aux États le soin de déterminer la durée d’affectation de leur personnel diplomatique »,
explique un ancien ambassadeur haïtien consulté par Lakayinfo.
Pour les experts, la demande américaine constitue une ingérence dans la politique souveraine d’Haïti, car la rotation du personnel diplomatique relève uniquement de la compétence de l’État d’envoi.
« Il ne s’agit pas d’une violation de la Convention, mais d’une pression politique déguisée en argument juridique »,
souligne un juriste haïtien spécialisé en relations internationales.
Certains diplomates haïtiens concernés, en poste depuis plus de dix ans, soulignent que leur longévité est liée à leur expertise et à la continuité du service diplomatique, et non à une quelconque infraction.
« Nous servons notre pays dans le respect du droit international et de nos obligations diplomatiques. La question de la durée est une affaire interne à Haïti »,
déclare un diplomate sous couvert d’anonymat.
Après consultation d’experts, la rédaction de Lakayinfo conclut que :
Les États-Unis interprètent abusivement la Convention de Vienne pour justifier une décision politique. La prétendue obligation de rotation n’existe pas dans le droit international. Haïti dispose souverainement du choix et de la durée de ses représentants diplomatiques.
Cette affaire illustre une fois de plus la manière dont certaines puissances peuvent tenter de détourner le droit international à des fins de contrôle politique, au détriment de la souveraineté des États plus petits comme Haïti.