Il n’y aura de référendum ni d’élections à la fin de 2025 : que faire alors ?
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Cette semaine, le dossier d’Haïti a été examiné au niveau des instances régionales et internationales dans une tentative de freiner la catastrophe dans laquelle le pays s’est enfoncé depuis au moins cinq ans. Il s’agit d’une mobilisation pour gérer l’effondrement d’Haïti, qui, selon la diplomatie occidentale, constitue une source d’inquiétude et une menace pour la stabilité de la Caraïbe et des Amériques.
À qui la faute ?
Sur le plan interne, les autorités de facto multiplient les manœuvres politiques insensées pour faire croire qu’elles agissent. Dans les coulisses de ce pouvoir illégitime, les responsables manigancent avec les vieux démons de la politique traditionnelle haïtienne, les contrebandiers et les trafiquants pour préparer des élections présidentielles. Ils espèrent qu’à l’issue de ces simulacres, un président de transition sera « élu » au terme de compétitions marchandes et illicites. Celui-ci, une fois installé illégalement, aurait pour mission d’organiser les élections législatives, départementales et territoriales.
Ces autorités, enivrés par un pouvoir démesuré et rongées par la corruption, agissent désormais sans logique ni raison. Ce spectacle n’est rien d’autre que le fruit du fantasme de politiciens corrompus et médiocres, manipulés par des groupes mafieux et criminels qui se nourrissent du chaos pour piller les caisses publiques en toute impunité. Ils savent parfaitement qu’ils sont incapables d’organiser des élections crédibles ou de tenir ce référendum constitutionnel — déjà dépourvu de toute base légale —, mais ils s’acharnent à préparer un simulacre destiné à tromper la collectivité nationale et à justifier leur maintien au pouvoir au-delà du 7 février 2026.
Allons-nous aux élections alors que la souveraineté nationale échappe au peuple haïtien et se trouve entre les mains d’institutions internationales dominées par quelques grandes puissances ?
Allons-nous aux urnes sous l’autorité d’un pouvoir mafieux et corrompu, dépourvu de la confiance des citoyens ?
Comment prétendre élire un président sans Parlement ? Devant quelle instance ce prétendu vainqueur prêtera-t-il serment ? Qui osera valider des élections sans légitimité ? Sous quelle Constitution seront-elles organisées ? Et surtout, quelle loi fondamentale encadrera ce pouvoir présidentiel sans ancrage légal ?
L’Acte de l’Indépendance remplace désormais la Loi-mère
En droit constitutionnel haïtien, la légitimité présidentielle repose sur deux piliers : l’élection au suffrage universel direct et l’investiture devant l’Assemblée nationale, l’instance qui réunit les deux Chambres du Parlement, où le président prête serment.
Or, le Conseil présidentiel de transition, par son décret référendaire, a balayé la Constitution de 1987. Désormais, ses actions se réclament de l’Acte de l’Indépendance, un texte symbolique, historique, mais dénué de toute valeur juridique, érigé de facto en norme fondamentale. Une dérive qui fragilise encore davantage l’État de droit.
Comment l’Acte de l’Indépendance pourrait-il constituer le fondement de la validité de notre système juridique national, alors que celui-ci est encadré et coiffé par la Constitution ? Comment attribuer un caractère contraignant à un texte qui n’est, en réalité, qu’une déclaration politique et non une norme juridique ?
Ce tour de passe-passe n’est que l’œuvre de faux docteurs, de manipulateurs et d’usurpateurs qui, depuis des décennies, pullulent dans l’espace politique, médiatique et même au sein de la communauté juridique. Des individus sans compétence, incapables même de masquer la malveillance de leurs agissements.
Face à ce qui s’annonce, le peuple haïtien doit se lever et dire non à l’inacceptable. Le peuple, c’est vous, c’est moi. Et face à l’histoire, souvenons-nous : la peur ne sauvera personne.
Nous avons besoin de l’unité des Haïtiens, de l’intérieur comme de la diaspora, qui doivent transformer leur nostalgie en un engagement patriotique et citoyen. C’est à ce prix seulement que nous pourrons initier la grande révolution indispensable pour changer la vie en Haïti — une révolution politique, éthique et intellectuelle.
Sommes-nous capables de faire converger nos chemins individuels pour en faire une cause commune ?
En attendant que mûrissent les conditions d’un tel bouleversement, l’organisation du départ de ce CPT glouton, soutenu par un gouvernement stérile, s’impose comme une nécessité politique incontournable.
Sonet Saint- Louis av
Professeur de droit constitutionnel et de méthodologie de la recherche juridique à la Faculté de droit et des Sciences économiques à l’université d’Etat d’Haïti.
Sous les bambous,
La Gonâve, 01 septembre 2025
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