Constitution de la honte : huit personnes, huit mots, un rejet cinglant du Dr Pierre-Louis

Port-au-Prince – Dans une déclaration incisive, le professeur Josué Pierre-Louis, éminent constitutionnaliste et enseignant à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université d’État d’Haïti, a vivement critiqué l’avant-projet de Constitution récemment dévoilé. Ce texte, signé par un groupe restreint de huit personnes, suscite une vive controverse dans les milieux intellectuels et juridiques du pays.

« Une œuvre de circonstance bâclée, hâtive, archaïque, incohérente, inadaptée, discréditante, outrageante, obscène », tels sont les huit qualificatifs choisis par Dr Pierre-Louis pour résumer ce qu’il considère comme une dérive institutionnelle majeure.

Selon le professeur, l’avant-projet ne répond ni aux exigences de rigueur juridique ni aux principes fondamentaux du droit constitutionnel. Il dénonce une démarche précipitée, menée en dehors de toute concertation démocratique et vidée de toute légitimité populaire. « On ne réforme pas une Constitution en comité restreint, encore moins dans un contexte aussi tendu, sans consultation large et inclusive », souligne-t-il.

L’universitaire insiste également sur le caractère rétrograde et dangereux du texte, qui, selon lui, reflète des visions politiques dépassées, contraires à l’évolution démocratique que le pays tente laborieusement de poursuivre. L’usage des termes « outrageante » et « obscène » traduit une indignation face à ce qu’il perçoit comme une atteinte à la dignité républicaine et au pacte social haïtien.

Cette sortie du Dr Pierre-Louis relance le débat sur la légitimité de la réforme constitutionnelle en cours et sur la nécessité d’un large dialogue national pour refonder les bases juridiques de l’État. Pour de nombreux intellectuels et juristes, toute transformation de la loi fondamentale doit passer par un processus transparent, démocratique, et respectueux des aspirations profondes du peuple haïtien.

Alors que la crise institutionnelle s’aggrave, cette prise de position marque un nouveau tournant dans la mobilisation des forces académiques contre ce qu’elles perçoivent comme une dérive autoritaire.