5 octobre 2024

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L’ancien président tunisien Ben Ali est décédé.-

7 min read

Archive. Zine el-Abidine Ben Ali, participant au sommet arabe, le 29 mars 2008 –

Tous droits réservés

REUTERS/Jamal Saidi

L’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est mort ce jeudi à l’âge de 83 ans. En exil, Ben Ali se trouvait dans un hôpital de Jeddah, en Arabie Saoudite, où il luttait depuis plusieurs mois contre un cancer du poumon.Cette information nous a été confirmée par l’avocat de la famille, Mounir ben Salha, que nous avons contacté.

Ben Ali avait fui la Tunisie en janvier 2011 alors que ses compatriotes se soulevaient contre ses dérives autoritaire et la corruption qui gangrenait toute la société. Cette révolution tunisienne a inspiré des soulèvements dans d’autres pays de la région, minés par les mêmes maux. Plusieurs dirigeants autoritaires ont été ainsi emportés par ce « Printemps arabe », dont Hosni Moubarak en Egypte ou le Libyen Mouammar Kadhafi.

De son accès au pouvoir à sa chute

Le 7 novembre 1987, c’est à la faveur d’un « coup d’Etat médical » contre le père de l’indépendance tunisienne Habib Bourguiba, autoproclamé président à vie, que Zine El Abidine Ben Ali accède au pouvoir.

« Un acte de redressement, de salut national », argue-t-il à l’époque. « Je devais rétablir l’Etat de droit (…). Le président était malade et il avait un entourage néfaste », explique-t-il dans un entretien à une chaîne française en 1988.

Ben Ali, successivement général, patron de la sûreté nationale, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre au moment du coup d’Etat, instaure rapidement un régime répressif. Plus tard, c’est également son entourage qui sera conspué pour corruption et népotisme.

Car si dans la foulée du coup d’Etat ses partisans –et beaucoup de Tunisiens– le saluent comme « le sauveur » d’un pays à la dérive, la dictature s’enracine rapidement.

Militaire de carrière formé en partie en France (Saint-Cyr) et aux Etats-Unis, « ZABA » (ses initiales), comme le surnomment ses opposants, s’appuie sur l’appareil policier pour étouffer toute contestation, surtout celle des islamistes, ainsi que pour museler la presse et les syndicats.

Omniprésent dans la rue comme dans les médias avec ses portraits officiels qui le montrent souriant, les cheveux teints d’un noir de jais, il se targue d’améliorer le niveau de vie de ses compatriotes et d’avoir « fait de la Tunisie un pays moderne que bien des nations amies citaient en exemple ».

Père de six enfants, dont trois d’un premier mariage, il est souvent accompagné de sa seconde épouse Leïla, honnie par la population pour avoir, avec son clan familial, mis en coupes réglées l’économie du pays.

Dans le même temps, Ben Ali bénéficie du soutien sans faille d’une bonne partie de la communauté internationale : perçu comme un rempart contre les islamistes, il est loué pour la poursuite des politiques favorables à l’émancipation des femmes de Bourguiba.

Les quelques voix qui s’élèvent pour dénoncer les atteintes aux droits humains commises par celui que les Tunisiens ne critiquent qu’en chuchotant se voient aussitôt opposer le « miracle tunisien ».

En 2003, le président français Jacques Chirac résume ce concept d’une formule qui fera date: « Le premier des droits de l’Homme, c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays », avance-t-il.

Mais l’image de carte postale se fissure inexorablement. Le chômage, la misère, la corruption et la marginalisation de régions entières culminent le 17 décembre 2010 avec l’immolation du marchand ambulant Mohamed Bouazizi, qui donne le coup d’envoi de la révolution.

Après un mois de manifestations et près de 300 morts, Ben Ali et son régime sont aux abois. Il fuit le 14 janvier 2011 avec sa femme et son fils vers l’Arabie saoudite.

Presque rien n’avait filtré de sa vie dans le royaume, à l’exception de quelques photos postées sur Instagram, notamment par sa fille Nesrine.

L’ancien dictateur avait été condamné par contumace en 2011 à 35 ans de prison pour plusieurs griefs, dont corruption et torture.

Depuis sa chute, la Tunisie a doucement pris le chemin de la démocratie et se trouve actuellement en plein processus électoral, avec des présidentielles qui ont commencé dimanche et des législatives qui seront organisées début octobre.

Archive. Zine el-Abidine Ben Ali, participant au sommet arabe, le 29 mars 2008 

Tous droits réservés 

REUTERS/Jamal Saidi 

Archive. Zine el-Abidine Ben Ali, participant au sommet arabe, le 29 mars 2008 –
Tous droits réservés

REUTERS/Jamal Saidi
L’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est mort ce jeudi à l’âge de 83 ans. En exil, Ben Ali se trouvait dans un hôpital de Jeddah, en Arabie Saoudite, où il luttait depuis plusieurs mois contre un cancer du poumon.Cette information nous a été confirmée par l’avocat de la famille, Mounir ben Salha, que nous avons contacté.

Ben Ali avait fui la Tunisie en janvier 2011 alors que ses compatriotes se soulevaient contre ses dérives autoritaire et la corruption qui gangrenait toute la société. Cette révolution tunisienne a inspiré des soulèvements dans d’autres pays de la région, minés par les mêmes maux. Plusieurs dirigeants autoritaires ont été ainsi emportés par ce « Printemps arabe », dont Hosni Moubarak en Egypte ou le Libyen Mouammar Kadhafi.

De son accès au pouvoir à sa chute

Le 7 novembre 1987, c’est à la faveur d’un « coup d’Etat médical » contre le père de l’indépendance tunisienne Habib Bourguiba, autoproclamé président à vie, que Zine El Abidine Ben Ali accède au pouvoir.

« Un acte de redressement, de salut national », argue-t-il à l’époque. « Je devais rétablir l’Etat de droit (…). Le président était malade et il avait un entourage néfaste », explique-t-il dans un entretien à une chaîne française en 1988.

Ben Ali, successivement général, patron de la sûreté nationale, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre au moment du coup d’Etat, instaure rapidement un régime répressif. Plus tard, c’est également son entourage qui sera conspué pour corruption et népotisme.

Car si dans la foulée du coup d’Etat ses partisans –et beaucoup de Tunisiens– le saluent comme « le sauveur » d’un pays à la dérive, la dictature s’enracine rapidement.

Militaire de carrière formé en partie en France (Saint-Cyr) et aux Etats-Unis, « ZABA » (ses initiales), comme le surnomment ses opposants, s’appuie sur l’appareil policier pour étouffer toute contestation, surtout celle des islamistes, ainsi que pour museler la presse et les syndicats.

Omniprésent dans la rue comme dans les médias avec ses portraits officiels qui le montrent souriant, les cheveux teints d’un noir de jais, il se targue d’améliorer le niveau de vie de ses compatriotes et d’avoir « fait de la Tunisie un pays moderne que bien des nations amies citaient en exemple ».

Père de six enfants, dont trois d’un premier mariage, il est souvent accompagné de sa seconde épouse Leïla, honnie par la population pour avoir, avec son clan familial, mis en coupes réglées l’économie du pays.

Dans le même temps, Ben Ali bénéficie du soutien sans faille d’une bonne partie de la communauté internationale : perçu comme un rempart contre les islamistes, il est loué pour la poursuite des politiques favorables à l’émancipation des femmes de Bourguiba.

Les quelques voix qui s’élèvent pour dénoncer les atteintes aux droits humains commises par celui que les Tunisiens ne critiquent qu’en chuchotant se voient aussitôt opposer le « miracle tunisien ».

En 2003, le président français Jacques Chirac résume ce concept d’une formule qui fera date: « Le premier des droits de l’Homme, c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays », avance-t-il.

Mais l’image de carte postale se fissure inexorablement. Le chômage, la misère, la corruption et la marginalisation de régions entières culminent le 17 décembre 2010 avec l’immolation du marchand ambulant Mohamed Bouazizi, qui donne le coup d’envoi de la révolution.

Après un mois de manifestations et près de 300 morts, Ben Ali et son régime sont aux abois. Il fuit le 14 janvier 2011 avec sa femme et son fils vers l’Arabie saoudite.

Presque rien n’avait filtré de sa vie dans le royaume, à l’exception de quelques photos postées sur Instagram, notamment par sa fille Nesrine.

L’ancien dictateur avait été condamné par contumace en 2011 à 35 ans de prison pour plusieurs griefs, dont corruption et torture.

Depuis sa chute, la Tunisie a doucement pris le chemin de la démocratie et se trouve actuellement en plein processus électoral, avec des présidentielles qui ont commencé dimanche et des législatives qui seront organisées début octobre.

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