14 décembre 2024

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Crise russo-ukrainienne, la note s’annonce salée pour Haïti.-

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En partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie franco-haïtienne, la firme EGM Stragy et Management a organisé le 7 avril 2020, au Karibe Convention Center, une causerie autour du thème : Crise ukrainienne et l’économie haïtienne. Les deux intervenants, Pierre Marie Boisson et Etzer Emile, ont expliqué que cette crise pourrait entraîner une inflation record dans le pays, à tel point que l’Haïtien n’aurait d’autre alternative que d’émigrer. 

Haïti est un pays d’importation. En 2021, l’on a atteint un niveau record au niveau des importations. Avec le coût des produits qui tendent vers le haut, tout indique que les exportations vont continuer à augmenter en devise. Avec l’invasion de la Russie en Ukraine, certains économistes croient que la situation sera encore plus corsée. Ces deux pays sont les piliers dans certains produits comme le blé, lequel est à la base de plusieurs autres produits très consommés en Haïti comme les pâtes alimentaires. Avec le coût du pétrole qui s’annonce encore plus à la hausse, si les sanctions s’intensifient sur le pétrole russe vers l’Europe, on doit s’attendre, de l’avis des panélistes, à des impacts vraiment néfastes sur l’économie haïtienne, en particulier sur les conditions de vie des ménages.

Depuis le début de l’année, le prix de la farine a été ajusté de 30%. Le prix des produits dérivés ont suivi cette même tendance. Et l’on n’était pas encore à l’invasion. Aujourd’hui, l’inflation atteint un niveau très élevé au point que d’aucuns prédisent des émeutes de la faim pour cette année si la situation ne s’améliore pas, et l’on annonce une augmentation de plus de dix dollars sur la tonne de blé. Dans de telles conditions, cela rien n’augure de bon.

Selon le président directeur général de Haïti Efficace, l’on est encore sur la vague d’inflation d’avant-crise. Si cette situation persiste, ajoute-t-il, l’on doit s’attendre à des niveaux d’inflation qui atteindraient du jamais vu dans le pays. « Après 2003, c’est pour la première fois que l’inflation en glissement annuellement est aussi élevée », a-t-il renchéri.

Ainsi, il faut s’attendre au pire. Au moment du dernier ajustement des prix des produits pétroliers, le baril s’échangeait à 70 dollars sur le marché international. Pour le début du mois d’avril le prix est déjà supérieur à 100 dollars. Ce qui sous-tend qu’un ajustement est à l’horizon, et vu les engagements du pays envers le Fonds monétaire international, cela devient une obligation que les prix soient revus à la hausse. Mais avec ou sans ajustement, la note s’annonce salée pour le pays car les impacts ne seront pas moindres dans un cas comme dans l’autre.

Pierre Marie Boisson affirme qu’il ne fait aucun sens que l’État continue de subventionner les produits pétroliers. Aujourd’hui, selon les chiffres avancés par l’économiste Etzer Emile, l’alimentation occupe 59% du revenu des ménages haïtiens et Pierre Marie Boisson avance que le transport est l’un des postes qui mobilisent une part importante du revenu des ménages à 14%. Si le gouvernement ne subventionne pas les produits pétroliers, ce poste va sans nul doute occuper une part plus importante dans le budget des ménages et s’ils sont subventionnés, les impacts seront encore plus corsés sur le coût des autres produits.

Dans ce cas, poursuit l’économiste, la subvention ne résoudra rien. La subvention aggravera la situation des conditions de vie de la population. En 2021, poursuit-il, 30 millions de gourdes, soit un tiers des recettes de l’État, étaient canalisées vers la subvention des produits pétroliers. Ce qui avait causé des déficits budgétaires importants et des impacts négatifs sur le taux de change, et donc, sur le prix des produits. « Ça risque d’être très compliqué », soutient-il.

Pierre Marie Boisson croit, par ailleurs, que l’application de la loi serait la meilleure posture à adopter, ce qui ne constituera pas non plus un remède. La loi du 9 mars 1955 dispose que les prix des produits pétroliers à la pompe doivent être réajustés chaque fois qu’il y a une  variation de prix d´une marge  +/- 5% sur le marché  international. Mais l’on n’est pas encore là. Toujours est-il que tous les scénarios dépendent de l’amplification des sanctions à l’encontre de la Russie touchant le pétrole vers l’Europe. Dans ce cas de figure, prévoit l’économiste en chef de la SOGEBANK, les prix de tous les produits pétroliers vont s’augmenter.

Plus encore, l’offre mondiale sera déduite de la production russe. Avec la guerre, le coût des assurances va être également à la hausse. Ainsi, selon les prévisions, le baril pourrait atteindre jusqu’à 170 dollars américains. Dans une telle situation, l’exode massif serait la seule alternative à des millions d’Haïtiens, lesquels ne pourront pas manger à leur faim.

Jose Flecher

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