23 avril 2025

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Éditorial : Fritz Jean, un président en quête d’alliés ou l’instigateur d’un coup d’État de palais au profit de Guy Philippe?

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La dernière sortie publique du président Fritz A. Jean a eu l’effet d’une détonation politique : déclarant ouvertement l’incapacité tactique et militaire de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de l’armée face au groupe armé “Viv Ansanm”, il a pris la décision controversée de réintégrer les agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) dans la lutte contre les gangs. Cette décision pose une question cruciale : s’agit-il d’un choix stratégique désespéré ou d’un habile coup de poker visant à repositionner un homme, Guy Philippe, dans le jeu politique haïtien?

Il faut revenir quelques mois en arrière pour mesurer l’ampleur du dilemme. En janvier 2024, le gouvernement d’Ariel Henry prenait une décision ferme : mettre fin au règne de Jeantel Joseph à la tête de l’ANAP, structure mère de la BSAP, en initiant une restructuration pour démilitariser une agence devenue incontrôlable. Ce limogeage visait clairement à couper les ailes d’une force parallèle qui avait dévié de sa mission environnementale pour se transformer en milice politique, largement infiltrée par des fidèles de Guy Philippe.

Le 7 février 2024, des centaines d’agents BSAP, appuyés par des éléments de Viv Ansanm, tentaient une marche vers le Palais National. Un affrontement meurtrier s’ensuivit avec la PNH, coûtant la vie à cinq agents. Le plan A a échoué, mais il a révélé une réalité inquiétante : la BSAP, loin d’être un outil de sécurité nationale, était devenue le bras armé silencieux d’un coup d’État avorté. Les liens entre cette milice et Guy Philippe ne sont plus de l’ordre du soupçon mais de l’évidence.

Alors que le président Jean évoquait jusqu’à récemment l’activation de l’ANI (le Service national d’intelligence), son brusque revirement après un voyage en Jamaïque – et une rencontre suspecte avec le sénateur américain Marco Rubio – soulève des interrogations. Pourquoi abandonner l’option d’un service de renseignement pour se jeter dans les bras d’un corps irrégulier, infiltré par des hommes liés à un ancien chef rebelle?

Ce choix de “moindre mal”, opposant Guy Philippe à un Dimitri Hérard discrédité, témoigne d’un calcul à très haut risque. Soit Fritz Jean est tombé dans le piège d’un système de pouvoir parallèle, soit il orchestre consciemment un coup d’État de palais en préparant le retour de Philippe par la porte arrière, via la BSAP.

Au fond, le drame est là : alors que le pays sombre sous la violence des gangs, ses élites se disputent le contrôle d’une force armée officieuse, oubliant que seule une réforme structurelle et démocratique peut sauver Haïti. Fritz Jean joue avec le feu. S’il ne clarifie pas immédiatement sa position, il ne sera plus vu comme un président de transition, mais comme l’instigateur d’un chaos organisé au service d’un homme dont le passé continue d’empoisonner l’avenir du pays.

L’histoire jugera Fritz Jean. Mais les faits sont là : son recours à la BSAP, ses silences sur les connexions avec Guy Philippe, et ses décisions à contresens de la volonté populaire font peser sur lui une accusation lourde. Est-il encore le garant de la République, ou déjà l’architecte d’une dérive autoritaire maquillée en lutte contre les gangs? Le pays attend des réponses. Et vite.


Cet éditorial n’a pas pour objectif de déstabiliser le Conseil Présidentiel ni de salir l’image de Fritz A. Jean. Il ne s’agit pas non plus d’un règlement de compte ou d’une tentative de marchandage politique. En tant que citoyen engagé, je me suis senti dans l’obligation de réagir à une décision qui soulève de sérieuses préoccupations, tant sur le fond que sur la forme. Il est vrai que Fritz Jean est reconnu pour ses compétences, et les échanges que j’ai pu avoir avec lui par le passé ont toujours été respectueux. Mais cela ne m’empêche pas, dans le contexte actuel, d’exprimer un désaccord clair sur une orientation que je juge risquée pour le pays. Critiquer une décision, ce n’est pas s’attaquer à la personne. Ce texte vise simplement à poser des questions légitimes et à susciter un débat responsable. Dans une démocratie, personne ne devrait être au-dessus de l’examen critique, surtout quand l’enjeu touche directement la sécurité, la souveraineté et l’avenir d’Haïti.

3 thoughts on “Éditorial : Fritz Jean, un président en quête d’alliés ou l’instigateur d’un coup d’État de palais au profit de Guy Philippe?

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