16 mai 2024

Le tunnel: Et si toutes ces propositions de sortie de multicrise se transformaient in fine en plateformes électorales ?

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Pierre-Raymond DUMAS

Auteur: Pierre-Raymond DUMAS

Cette transition post-Jovenel Moïse ne peut pas durer indéfiniment. L’accès aux postes de commande se gagne à travers des élections libres ou, je le reconnais sans ambages, contestées. Haïti est sans doute un Etat failli, plus proche d’une autocratie, mais je ne crois pas qu’il le soit irrémédiablement. Les transitions haïtiennes, quels que soient leurs tenants, n’ont pour aboutissement que de créer un climat de sécurité (1) pour rétablir rapidement l’ordre ou la normalité démocratique par voie des urnes (2). Ni plus ni moins. Tout autre agenda ne peut susciter que perplexité et plus d’agitation. Le plus souvent, et là aussi c’est une règle historique, les gains politiques de crise en Haïti sont de court terme et s’effacent rapidement dans la confrontation aux épreuves des élections improbables ou contestées.

Tout le monde veut assauter le pouvoir, enfin la grande majorité de nos concitoyens, anciens dirigeants conspués, parfois épinglés pour leur mauvaise gestion, parlementaires jamais réélus, opportunistes impénitents, candidats malheureux, affairistes de tout acabit. Le patriotisme, la passion du bien public, l’esprit républicain sont mis de côté dans ce carnaval de non-droit : il faut revenir aux principes fondamentaux de la démocratie libérale. On ne peut pas être juge et parti(e) à la fois. Cela vous rappelle quelque chose ? Contrairement à 1990 avec Me Ertha Pascal Trouillot et à 2004 avec Boniface Alexandre / Gérard Latortue qui ont facilité l’organisation d’élections générales libres et pacifiques, on est mal parti aujourd’hui. Comme on le sait, la transition atypique menée par Jocelerme Privert (14 février 2016 – 7 février 2017), élu au second degré par le Parlement, constitue une exception à plusieurs égards et ne ressemble pas aux deux pouvoirs intérimaires susmentionnés sur un certain nombre de points. Aggravée par une insécurité accompagnée par une série d’enlèvements spectaculaires, qui montre l’impuissance manifeste de la PNH, la situation actuelle où tous les rebondissements paraissent possibles est un véritable guêpier, un nid de vipères. Nous avons un fossé entre la manière dont la société vit et les institutions, elles ne sont plus connectées aux citoyens du XXIe siècle.

L’explosion démographique menace notre pays tout entier ! C’est là un des problèmes de la crise politique, et cela se passe dans tous les domaines ; il faut donc adapter les institutions, mais avec quelles ressources humaines et logistiques, car la société ne se reconnaît plus dans celles-ci, car les institutions qui, à hauteur des hommes d’autrefois, ne correspondent pas aux grands technologiques et sociologiques actuels ? Le pire est probable désormais en Haïti. Le comportement des uns et des autres relève d’une sorte de cannibalisme assez curieux, hors de portée des meilleurs sociologues, politologues et psychologues. Les dés sont pipés avec ces regroupements de partis politiques et d’associations de la société civile en lutte pour diriger et organiser les élections alors que bon nombre de leurs membres seront candidats. Noyé sous une vague d’enlèvements sans limites, le pays continue de s’enfoncer. On aura tout vu dans ce pays d’agitateurs et d’éternels opposants… Qui décide de l’avenir, qui prend des décisions pour la détermination du présent ? Tout cela, ce sont des questions concrètes qui ont directement prise sur la vie des citoyens.

Il faut remettre la démocratie sur ses pieds, et la base est l’éducation et la justice ; il ne faut pas isoler, marginaliser la jeunesse, mais la faire coexister avec l’éducation et la justice. Le mal est déjà fait ?… Quel accord ? Une solution haïtienne ? Comment faire comprendre à ces promoteurs de désaccords que la sortie du tunnel – le retour à la normalité constitutionnelle – ne peut venir que d’une formule sensée, basée sur la neutralité et l’indépendance des autorités de transition, et non sur des combinaisons partisanes pour séparer le gâteau gouvernemental. Les institutions sont en décalage, nous avons des problèmes transnationaux pour des institutions nationales.

Pierre-Raymond DUMAS

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