12 décembre 2024

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Climat, guerre, pandémie : le FMI lance un fonds de 45 milliards d’euros pour les pays « vulnérables »

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C’est un outil au nom technique mais qui pourrait être précieux pour les pays pauvres ou vulnérables. Le fonds monétaire international lancera le 1er mai un nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Sa force de frappe sera d’au moins 45 milliards, promet la directrice générale de l’institution, Kristalina Georgieva, citée hier dans un communiqué.

Ce fonds doit « aider les pays à faible revenu et les pays vulnérables à revenu intermédiaire à relever les défis structurels à plus long terme qui posent des risques macroéconomiques, y compris le changement climatique et les pandémies »,souligne-t-elle.

Concrètement, ce nouvel outil « fournira un soutien politique et un financement abordable à plus longue échéance – avec une échéance de 20 ans et un délai de grâce de 10 ans et demi – pour aider à renforcer la résilience contre les risques à long terme pour la stabilité de la balance des paiements, » indique le FMI, qui précise que les trois quarts de ses pays membres seront éligibles à un financement via ce nouveau mécanisme.

Un complément aux 650 milliards de tirages spéciaux

Il représentera le « troisième pilier de la boîte à outils de prêt du FMI », précise l’institution, en s’ajoutant au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance, et au Compte des ressources générales.

Ce nouvel outil, par ailleurs, « amplifiera l’impact de l’allocation de 650 milliards de dollars américains en DTS (droits de tirages spéciaux, NDLR) mise en place l’année dernière en canalisant les ressources des membres économiquement plus forts vers les pays où les besoins sont les plus grands ».

Alors que la crise sanitaire avait profondément touché les économies vulnérables, réduit leur marge de manœuvre budgétaire, et alourdi leur dette, le FMI avait en effet approuvé, en août, une hausse des réserves de ses pays membres à hauteur de 650 milliards de dollars, pour accroître les liquidités de ces pays, via une nouvelle allocation générale de DTS, la plus élevée de l’histoire de l’institution.

« Les réformes soutenues par le fonds visent également à catalyser un financement accru du secteur privé, des donateurs et d’autres institutions financières internationales », a encore souligné Kristalina Georgieva, précisant qu’« une collaboration étroite avec la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales sera essentielle au succès » de ce nouveau dispositif.

Dette des pays en développement, la crainte d’un effet domino

La question se pose également sur la soutenabilité de la dette de ces pays. Pour l’ONU, Il est urgent d’agir contre la dette des pays défavorisés, affaiblis par la guerre en Ukraine et son cortège de hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais.

Selon la Cnuced, les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de la dette publique extérieure en 2022, l’équivalent de 9,2% de l’encours de la dette publique extérieure à la fin de 2020.

Les pays qui semblent vulnérables à un choc brutal en raison de la combinaison d’importantes pressions de refinancement et d’un ratio service de la dette/exportations élevé sont le Pakistan, la Mongolie, le Sri Lanka, l’Égypte et l’Angola. L’Égypte a demandé l’aide du FMI fin mars.

Les pays pauvres ne vont pas être en mesure d’y faire face sans aide, alerte Mme Grynspan, la responsable du Cnuced, qui réclame des mécanismes pour résoudre leurs problèmes de liquidités et de dette. « Nous avons besoin d’un meilleur mécanisme de restructuration de la dette et d’allègement de la dette », plaide l’ancienne vice-présidente du Costa Rica.

Le Sri Lanka s’est déclaré en défaut de paiement mardi sur sa dette extérieure avec l’intention de restructurer sa dette. Le pays affronte l’une des pires crises économiques de son histoire.

Mme Grynspan dénonce ainsi l’énorme pression que représentent les services de la dette dans les pays en développement. « Après la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un soutien a été accordé à l’Allemagne, il a été établi que l’Allemagne ne serait pas en mesure de payer le service de la dette à plus de 5% de ses recettes d’exportation. Vous savez à combien s’élève actuellement le service de la dette des pays les moins développés ? 15% de leurs recettes d’exportation ! », s’insurge-t-elle.

« Nous devons donc renouveler l’initiative de suspension du service de la dette pour les pays à faible revenu. Nous devons le faire rapidement. Sinon, ils seront dans l’incapacité de payer leurs dettes », prévient-elle.

Une action coordonnée est urgente, avait insisté Mme Grynspan, pour éviter « un effet domino » de la guerre en Ukraine sur les pays en développement : « un effet domino sur la crise de la dette, un effet domino sur la crise de la faim, un effet domino sur l’architecture financière mondiale ».

Risque d’une crise alimentaire mondiale

Les importateurs nets de produits alimentaires sont ceux qui souffriront le plus des répercussions économiques de la guerre en Ukraine, selon la Cnuced qui dispose d’une liste de 36 pays très dépendants des importations de blé en provenance d’Ukraine et de Russie.

La semaine dernière, les grandes institutions internationales appelaient à soutenir d’urgence les pays vulnérables par des actions coordonnées comme la fourniture urgente de nourriture, un soutien financier, une production agricole accrue et un commerce ouvert, ont déclaré ces quatre responsables.

« Il est essentiel de fournir rapidement un soutien coordonné aux pays en situation d’insécurité alimentaire », ont déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) David Beasley et la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala.

(avec AFP)

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