15 mai 2024

Le Venezuela de Maduro complice des dilapidateurs des fonds Petrocaribe en Haïti?

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Le Venezuela de Maduro complice des dilapidateurs des fonds Petrocaribe en Haïti?

« Regarde Haïti, compagnon, des portes de l’enfer habitées par des anges noirs.» Hugo Chavez

On dirait que Hugo Chavez est mort avec la révolution bolivarienne.

J’avais toujours du mal à comprendre la présence des troupes latino-américaines, venant de l’Équateur/Bolivie/Uruguay/Brésil… au sein de la MINUSTAH. Des pays qui, comme on dit, résistent à l’influence de l’impérialisme américain dans l’hémisphère américain, pourtant le trouvent normal de faire partie de la force d’occupation d’Haïti. Le pire, c’est que leurs soldats participent dans d’incroyables exactions sexuelles dans le pays, dont les principales victimes sont de petits garçons et de jeunes filles. Sans oublier de nombreux enfants, orphelins de pères, laisser sur le terrain après leurs départs sous la responsabilité de la société. L’Équateur, arrive même à créer une armée symbolique de 250 soldats en Haïti dont il prend la charge d’approvisionner en armes, munitions, uniformes casques et tout le reste. Cette prétendue armée se prépare à commettre des exactions criminelles contre les masses haïtiennes. Entre temps, MINUSTAH est transformée en MINUJUSTH, mais avec la même mission d’occupation.

Venezuela, depuis toujours, a été le seul pays de l’Amérique du sud à se souvenir en permanence de la contribution indispensable d’Haïti à la libération du sous-continent des griffes de l’Espagne au début du 19ème siècle. L’avènement du colonel Hugo Chavez au pouvoir en 1999 a été une bonne chose pour Haïti. La collaboration bilatérale entre les deux pays a connu son âge d’or, surtout après le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 qui avait détruit la capitale haïtienne, Port-au-prince. Le gouvernement bolivarien a été incomparable dans ses actions de secours et de reconstruction. L’homme a visité Haïti; il avait pris cause pour le pays dans toutes les grandes assises internationales, il avait tenu toujours ses promesses. c’était plus qu’une dette de reconnaissance: Hugo Chavez aimait Haïti. Ainsi, il était prévisible à ce que Haïti participait au programme PetroCaribe en faveur des pays caribéens.

Au cours de l’année 2006, le feu président Hugo Chavez, a permis la participation d’Haïti dans le programme Petrocaribe. Qui n’est rien d’autre qu’un moyen stratégique utilisé par l’état vénézuélien pour vendre son pétrole et, du même coup, s’assurer d’un soutien diplomatique au niveau de la région dans sa confrontation avec le puissant voisin du nord, les États-Unis d’Amérique. Toutefois, le programme revêt une nature de soutien socio-économique promouvant les échanges Sud-Sud et ouvre la voie à une autre forme de coopération autonome entre les états. Quoique le pétrole fut délivré au prix international du marché, mais le mode de paiement de 25 ans avec un très faible taux d’intérêt de 1% faisait du programme un ouf de soulagement pour Haïti et les 17 autres états qui y participèrent. A rappeler qu’après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ayant fait plus de 300.000 morts et un million de sinistrés, le Venezuela annula 395 millions de dollars de dette en faveur d’Haïti, sans mentionner l’appui humanitaire direct.

La théorie derrière le programme fut un moyen accordé au gouvernement haïtien de balancer son budget, financer des programmes sociaux et infra-structurels dans tout le pays. L’accord Petrocaribe a produit prés de 4 milliards de dollars, aujourd’hui il ne reste rien de ces fonds. Quelle est la réaction du gouvernement Vénézuélien?

Le 27 novembre dernier, le président haïtien, Jovenel Moise, fut reçu en grandes pompes à Caracas par son homologue hôte, Nicolas Maduro. Beaucoup d’observateurs attendaient de voir ce qui allait se passer au cours de cette visite: est-ce que la dilapidation des fonds pétrocaribe par les dirigeants haïtiens allait être abordée ? Car la position du gouvernement bolivarien est toujours ambiguë pour ne pas dire complice des responsables haïtiens.

Le président vénézuélien n’a pipé mot. Au contraire, il fit l’éloge de Jovenel Moise, lui-même impliqué dans plusieurs affaires de blanchiment d’argent non encore élucidées, d’après un juge haïtien. Bref, il est un «président inculpé», comme on ne cesse de le qualifier en Haïti! Peu de temps avant cette courte visite, une commission sénatoriale du parlement haïtien avait publié un rapport d’enquête dans lequel plusieurs hauts dignitaires du régime en place eurent été épinglés comme responsables directs du gaspillage du fonds PetroCaribe. Parmi ces pillards, on trouve les noms de l’ancien premier ministre Jean Max Bellerive, actuel conseiller de Jovenel et Wilson Laleau, ancien ministre des finances et actuel chef de cabinet du président. Le président ne les a pas révoqués, d’après ce qu’impose le bon sens, en dépit des recommandations du rapport de la commission sénatoriale appelant la justice haïtienne à mettre l’action publique en mouvement contre ces individus.

A Caracas, Maduro a signé un accord de 97 millions avec le président haïtien, comme si le gaspillage des fonds petrocaribe n’avait pas eu lieu ou n’était pas suffisant. A rappeler que, selon notre collaborateur Kerlens Tilus (à partir d’une question directement posée au colonel Chavez lors de l’un des ses passages à New York), la position du Venezuela à ne pas s’immiscer dans la gestion directe de l’argent PetroCaribe en Haïti, d’après Hugo Chavez, fut une question idéologique et de principe. Il voulait favoriser un autre type de rapport, différent de celui qu’imposait traditionnellement les États-Unis dans ses relations avec les états de l’hémisphère. Il priorisait le rapport Sud-Sud, c’est à dire de rester dans les limites du respect mutuel de coopération d’état à état et dans la dignité.

Cependant, l’argent petrocaribe a été scandaleusement gaspillé au vu et au su de tout le monde en Haïti, sans que les objectifs poursuivis de bien-être et de progrès en faveur du peuple haïtien aient été réalisés. Le pire, c’est que le gouvernement vénézuélien par l’intermédiaire du président de PDV Caribe, Mr Bernardo Alvarez Ferrera, a dans une lettre exprimé sa satisfaction ainsi: «de la bonne gestion du fonds PetroCaribe pour la période 2012-2014», fin de citation. Et pourtant, la période de 2012-2014, marque une dilapidation excessive du fonds PetroCaribe clairement documentée dans le rapport de la commission sénatoriale. Un sénateur de la république, dont je me garde de citer le nom, m’a confié qu’il avait personnellement remis une copie du rapport de la commission sénatoriale à l’ambassadeur du Venezuela en Haïti au moment de son départ pour Caracas. On m’a rapporté aussi que l’actuel chef de mission du Venezuela en Haïti, Mr Luis Ernesto Diaz Curbelo, a été vu plusieurs fois socialiser au restaurant à Pétionville avec des membres de la plus répugnante bourgeoisie de l’hémisphère, en l’occurrence les Bigio. Drôle de coïncidence, pendant que Maduro lutte contre la mainmise des grands patrons sur la société venezuelienne, son représentant en Haïti se pactise avec les grands patrons haïtiens. Est ce la réédition de la honteuse trahison du congrès de Panama sans la présence de la république d’Haïti, par Simon Bolivar en 1826, malgré notre statut de père du panaméricanisme?

En 2006, l’ambassadeur du Venezuela de l’époque en Haïti, Mr Pedro Antonio Canino Gonzalez, avait «exprimé la volonté de son pays de poursuivre cette coopération» qui, d’après lui ne devrait pas « sucer le sang des Haïtiens […] Nous voulons avec beaucoup de modestie contribuer au développement d’Haïti». Comment atteindre cet objectif, si l’argent PetroCaribe dilapidé, est entrain d’être réinvesti dans l’achat d’immeuble de luxe qui coûte 9 millions de dollars américains et d’autres types de business sur tout le territoire haïtien et àl’étranger en totale impunité. Entre-temps, des enfants meurent par faute de soins sanitaires de base, soit un taux de 47/1000 annuellement. Des millions d’enfants sont condamnés à être des sinistrés intellectuels dû à la sous-alimentation, par contre Maduro vient de signer un accord avec Jovenel Moise pour rembourser l’argent dilapidé de PetroCaribe en produits alimentaires.

Au cours de l’année 2007, Fidel Castro avait vigoureusement dénoncé devant l’opinion internationale la transformation de la canne-à-sucre et d’autres produits alimentaires en éthanol comme une menace aux peuples déjà affamés du monde. Quoique la canne-à-sucre constitue la plus grande production de Cuba, EL commandante avait insisté sur les conséquences d’une telle pratique sur la vie de millions de gens parl’augmentation exponentielle des prix de ces produits à l’échelle mondiale. Si Cuba veut rembourser sa dette au Venezuela en canne-a-sucre, le Nicaragua en haricots etc. ces pays peuvent le faire, parce qu’ils ont déjà atteint un certain niveau de production. Ce n’est pas le cas pour Haïti, une nation qui languit encore dans la sous-alimentation. Les Nations Unies lancent des cris d’aide annuellement à l’endroit des états riches qui atteignent la surproduction alimentaire pour déverser des tonnes d’aide à Haïti et d’autres pays afin de réduire la possibilité que la famine tue des millions de personnes. Donc, demander à Haïti de payer ses dettes en nature par expédier des bateaux chargés de vivres alimentaires à Caracas est en nette contradiction avec l’esprit humanitaire et de solidarité qui avait toujours accompagné les actions du colonel Hugo Chavez. La révolution bolivarienne est elle toujours de mise au Venezuela, dans son essence internationaliste?

Beaucoup d’observateurs ne cessent de se frotter les mains, à savoir si les diplomates bolivariens accrédités en Haïti sont frappés de cécité et sont sourds à la fois. Partout en Haïti, c’est la consternation générale à propos du gaspillage des fonds PetroCaribe, une dette que le peuple haïtien doit nécessairement rembourser au Venezuela. Déjà, Haïti affiche un retard de 20 millions de dollars américains sur les versements mensuels contractés.

Nicolas Maduro, en dépit de sa position de réserve diplomatique par rapport à un état souverain, devrait accompagner la société civile haïtienne dans sa quête de demande des comptes sur le sort des 4 milliards de dollars. Du programme en question, une somme qui a disparue sans laisser de traces. Distribuer des certificats de bonne conduite à un pouvoir dilapidateur et réactionnaire ne correspond pas à la nature dite révolutionnaire du régime de Caracas. Que le président Nicolas Maduro rectifie sa politique vis-à-vis d’Haïti pour que l’histoire ne le dépeint pas comme complice direct des dilapidateurs du fonds PetroCaribe.

Joël Léon

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