OPINION : L’envoi De La Police Kenyane En Haïti Est Noble En Théorie Mais Dangereux Dans La Pratique.-
4 min readLa récente proposition kenyane d’envoyer un contingent de policiers en Haïti est noble en théorie mais périlleuse dans la pratique.
Certains critiques pourraient même faire valoir que cette action est naïve dans le contexte de la dangerosité de la sécurité et de l’environnement politique dans le pays.
L’offre du Kenya d’intervenir en Haïti est périlleuse.
Haïti est une nation insulaire des Caraïbes qui partage l’île d’Hispaniola avec la République dominicaine. Haïti est une ancienne colonie francophone de la France, mais a vécu une expérience traumatisante alors qu’elle était sous le joug du colonialisme et même après le départ des Français.
La nation insulaire a été accueillie dans la communauté internationale avec la dure réalité d’avoir à payer aux Français plus de 32 milliards de dollars (valeur moderne en dollars américains) en 1825 pour obtenir la reconnaissance française dans la tristement célèbre indemnisation française.
L’État de l’île a subi la tragédie d’avoir été violemment abattu par son président de 53 ans en 2021. Depuis lors, il a fonctionné sans législature ou pouvoir judiciaire en activité.
Avance rapide jusqu’en 2023, cet héritage du post-colonialisme a paralysé l’État haïtien et est un facteur contributif au malaise moderne.
La sécurité publique a été prise en charge par des gangs et des groupes de justiciers qui remplacent le vide sanitaire sorti par l’État pour fournir une protection et extorquer le respect de la population. En plus de cela, les gangs et les groupes de justiciers s’engagent mutuellement dans des guerres de territoire vicieuses qui produisent de la violence.
Cette violence rend pratiquement impossible une activité économique significative pour le public. Il oblige les civils à compter sur les gangs et les justiciers pour accéder à l’aide alimentaire internationale, les traverse le territoire qui les contrôlaient.
Les problèmes d’Haïti ne sont pas tous causés par l’homme.
Les actes de Dieu ont contribué à la situation contemporaine problématique. Un tremblement de terre de magnitude 7,0 en 2010 a tué 300 000 personnes et laissé 1,6 million de sans-abri. En 2016, l’ouragan Matthew a frappé l’île et en 2021, un tremblement de terre de magnitude 7,2 a tué 2 500 personnes. Ces catastrophes naturelles exacerbent les défis créés par la dérilité causée par l’homme.
Ces contextes historiques sont importants pour réfléchir à la question de savoir si la police kenyane devrait être déployée en Haïti.
Si la police kenyane décide de diriger une mission de sécurité en Haïti, elle entrera dans un pays de plus de 250 gangs armés. Un État où les enlèvements en 2023 ont augmenté de 53 %, les meurtres de 35 % et où la nation a été inondée de plus de 500 000 armes illégales.
En outre, les Haïtiens ont eu un mauvais goût des interventions internationales précédentes sur l’île à partir de la mission de maintien de la paix des Nations Unies 2004-2017. Cette mission était enveloppée dans la controverse selon laquelle les soldats de la paix de l’ONU se sont livrés à des meurtres, à la corruption, au viol et à la propagation du choléra à la population haïtienne via la base missionnaire de l’ONU.
Que peut-on faire à l’avenir ?
Le défi immédiat est d’avoir une administration politique intérimaire qui a une large légitimité et qui peut remplacer l’administration Ariel Henry discréditée. Ce n’est qu’alors que ce nouveau régime pourra initier des cadres pour tenir des élections tout en accueillant le soutien international pour stabiliser la situation sécuritaire sur l’île.
Cela ne peut pas se faire uniquement grâce au soutien policier de 1500 que le Kenya a offert. Un effort international de l’ONU, dirigé par des acteurs régionaux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), devrait être à la tête de la prise de décisions délicates en matière de sécurité et de décisions politiques pour l’avenir de la sécurité des Caraïbes. Une Haïti instable reste le ventre mou de la région. Alors, les troupes kenyanes devraient-elles être envoyées en Haïti ? Pas encore !