Haïti : le rythme de croissance des transferts ralentit, l’inflation montre ses crocs.-
3 min readLes flux des transferts privés sans contrepartie de la diaspora haïtienne se sont quelque peu enrhumés après avoir battu des records en 2021, à près de 4 milliards de dollars, atteignant, d’une année à l’autre, 30 % de hausse. « Les flux de transferts privés sans contrepartie reçus de la diaspora haïtienne ont augmenté à un rythme nettement plus faible, en glissement annuel, soit une hausse de 3% sur les quatre premiers mois de l’exercice fiscal 2021-2022 contre 36% pour la période précédente », peut-on lire dans la lettre de cadrage qui fixe les grandes orientations macroéconomiques et définit les grandes lignes de la politique budgétaire pour le reste de l’exercice fiscal en cours, signée le lundi 4 avril 2022.
Le ralentissement du rythme de croissance évoqué dans cette lettre de cadrage a été confirmé par le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti, Jean Baden Dubois, en interview avec Le Nouvelliste, le 11 avril. « Le rythme de croissance de la composante principale de l’offre de dollars (les transferts privés) a ralenti sur les cinq premiers mois de l’exercice », a-t-il fait savoir avant de reconfirmer qu’en grande majorité, les transferts sont destinés à de petits porteurs.
« L’analyse des données récentes montre que 75% du volume total des transferts reçus se situent dans l’intervalle de 50 à 499.99 dollars. Les transferts reçus de moins de 50 dollars représentent 15% du volume total. Les 10% restants sont partagés entre les transferts se situant dans les intervalles de 500 et 999.99 dollars (5.10%) et 1000 dollars et plus (4.90%) », a poursuivi le gouverneur de la banque centrale d’Haïti, pays où l’inflation a dépassé les 25 % en glissement annuel.
Poussée d’inflation record aux USA
Aux USA où il y a une importante diaspora haïtienne qui a envoyé, selon un économiste 73.4 % des transferts privés sans contrepartie vers Haïti, la poussée inflationniste s’est poursuivie en mars 2022. L’inflation a atteint en mars son plus haut niveau depuis décembre 1981. Les prix ont augmenté de 8,5% par rapport à mars 2021, contre 7,9% en février sur un an également, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié mardi dernier par le département du Travail, pouvait-on lire dans une dépêche de l’AFP, le 12 avril 2022.
Le mois de mars est le premier à intégrer entièrement l’effet de la guerre en Ukraine, qui avait débuté dans les tout derniers jours du mois de février. « Il ne fait aucun doute » que la hausse des prix de l’énergie est « liée à la Russie et à la guerre », a commenté le conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, sur la chaîne CNBC.» Ces prix élevés frappent les gens au portefeuille et créent de l’incertitude, c’est pourquoi nous devons faire tout ce que nous pouvons pour les faire baisser, a-t-il ajouté.
Entre février et mars, l’inflation s’accélère également, à 1,2%, contre 0,8% entre janvier et février. Les seuls prix de l’essence ont flambé de 18,3% par rapport au mois dernier, et représentent plus de la moitié de ce bond, venant s’ajouter aux pénuries de biens et de main-d’œuvre. Les prix du logement et de l’alimentation participent également à cette hausse, précise le département du Travail, selon cette dépêche.
Roberson Alphonse