22 avril 2025

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L’énigme de l’invariante défaillance de l’écosystème haïtien enfin expliqué.-

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Tout ce qui se conçoit bien se dessine aisément et les éléments graphiques trouvent, les uns après les autres, leur place donnant à l’ensemble l’impression d’un puzzle qui restitue la puissance d’une idée intelligente : derrière un bug, il y a toujours un pirate qui exploite les failles d’un réseau pour ses profits.

Sculpture de noeuds de l’impuissance haïtienne © Erno Renoncourt

Avec la certitude de ceux qui sont dans le secret des démiurges ou pour mieux dire des fossoyeurs qui se jouent du destin des peuples au sud de la vie, Ricardo Seitenfus écrivait dans les colonnes quotidien Le Nouvelliste en 2019 (lien1) :

« L’on peut broder à l’infini autour des racines conjoncturelles et structurelles de la multiforme crise haïtienne. Comme, par ailleurs, ne manquent pas de le faire acteurs, observateurs, analystes et de simples quidams. De tous bords. Tant étrangers que nationaux. Malgré les différentes perspectives, diagnostiques et conclusions, une impression commune se dégage. On ne sait quoi faire. On est perdus, déboussolés ».

Dans le sillon de cette  »savante analyse », et bien avant elle, nombreux sont les chercheurs qui abordent ou ont abordé la problématique haitienne dans les lunettes de ce même prisme défaillant. D’aucuns attribuent aux institutions étatiques la trajectoire de cette défaillance continue, tandis que d’autres y voient la main mise d’une oligarchie d’origine étrangère, à dominante syrano-libanaise, sur les maigres forces de production du pays. S’il y a du vrai à intégrer les dysfonctionnements institutionnels et la cupidité des groupes économiques dominants dans l’équation de la défaillance haitienne, cette analyse ne reste pas moins incomplète. Elle ignore, volontairement ou maladroitement, le jeu des acteurs socio professionnels qui pilotent ces institutions et des acteurs académiques et culturels qui élaborent les stratégies de formation préparant à l’exercice de la gestion des affaires du pays. Or, paradoxalement tous ces acteurs ont leur petit rayonnement dans cet enfumage et sont presque tous en accointances avec les forces économiques, ou ont prêté allégeance aux forces diplomatiques, qui se meuvent derrière les forces politiques et économiques occultes pour déstabiliser le pays. Tout se passe comme si leur jeu, leurs finalités, leurs actions étaient en opposition, et pourtant ce ne sont que des mises en scène livrant des paradoxes éloquents sur la tectonique des forces qui déshumanisent Haïti.

L’un des plus éloquents de ces paradoxes fait écho de l’indigence qui broie et précarise l’écosystème haïtien en maintenant son collectif dans une agonisante impuissance tout en permettant a quelques uns de briller comme des miroirs dans des bordels crasseux. Et oui, c’est ce que depuis 2016, j’avais modélisé comme le paradoxe du rayonnement indigent. Hélas quand j’avais proposé cette piste d’analyse à quelques lettrés haïtiens qui évoluent dans l’enfumage  des organisations internationales, ils m’avaient renvoyé à mes aigreurs et mes frustrations. Et pourtant le cœur battant de l’indigence haitienne est là dans cette sculpture qui sert d’illustration à ce texte :

Cette image décrit le bug paradoxal qui maintient Haïti dans son impuissance séculaire: Sur les strates des dysfonctionnements institutionnels qui font errer la gouvernance stratégique nationale, de nombreux acteurs métiers construisent leur performance personnelle au détriment du collectif haïtien. Ces succès sont précaires, car ils deviennent des nœuds qui ont un double fonctionnement : ils servent, d’une part de verrou maintenant le pays dans sa dynamique invariante de défaillance ; et d’autre part, ils servent d’articulations et coulissent pour permettre le repositionnement de nouveaux acteurs pour de nouvelles impostures par des rafistolages que l’on présente comme des activités de renforcement. Ainsi se met en place un prisme triangulé qui exploite en amont ces bugs comme des défaillancespropose des solutions d’assistance et fait appel à un réseau d’acteurs socio-professionnels qui vont déployer des compétences techniques limitées, incomplètes qui laisseront invariantes ces défaillances. La morale de ce paradoxe est évidente: derrière un bug, il y a toujours un pirate qui exploite les failles d’un réseau pour ses profits. Et ces pirates étrangers ont su fédérer des réseaux de diplômés, des doctorés, des lettrés et des gens cultivés qui se bousculent pour servir de passerelles permettant à l’indigence de se renouveler avec de nouveaux visages.

Ainsi se fabriquent les nœuds de l’indigence qui bordent ou débordent, selon le contexte pour maintenir l’invariance : donner l’impression que quelque chose change de manière superficielle pour que structurellement rien ne change vraiment.

Ce sont ces nœuds qui verrouillent le pays sur cette sculpture obscure triangulée entre défaillance, assistance et invariance dont l’ombre projetée fait le rayonnement des hommes politiques. Mais pas que ! Car ce paradoxe n’est qu’un motif qui se répète dans tout l’écosystème à des échelles variées pour former une fractale indigente. Une fractale qui se laisse broder de nœuds comme des motifs qui se répètent à l’infini. Des motifs qui se retrouvent de manière éloquente dans les stratégies de formation des organisations du pays.  En effet,  sous la dynamique du triptyque défaillance (bug), assistance (pirate) et invariance (réseau),  des organisations sont convaincues de la validité de l’équation, pourtant incomplète, à tout besoin de performance, il faut optimiser les compétences par de nouvelles formations. Ce faisant elles pressent leur unité de ressources humaines de mettre en place, avec de prestigieuses institutions universitaires et /ou professionnelles, des stratégies de formation de grande qualité technique pour améliorer les compétences de leurs acteurs métiers et de leurs cadres techniques. Mais voilà que ces formations se révèlent toujours inadéquates à permettre, aux décideurs de ces organisations/institutions, d’avoir la vision à la fois sur le court terme et sur le long terme pour piloter efficacement leurs projets et atteindre le Graal de la performance. Malgré la performance des statistiques du nombre d’heures de formation, du nombre de personnes formées et du montant colossal du budget investi, il y a toujours une défaillance récurrente ou émergente qui fait errer la dynamique attendue de la performance. Ainsi malgré les rapports de performance de l’USAID, de l’AFD, de l’OMPS/OPS, de l’UNICEF, du PNUD, de l’OIM, de la Banque Mondiale, de la BID, de l’OIT, de l’AUF, de l’UE, Haïti occupe invariablement la première place comme pays corrompu et la dernière en pratique de bonne gouvernance. 
Ce bug est dû au fait que ces organisations ne prennent pas en compte les signaux faibles qui nourrissent les segments des nœuds où se meuvent les grandes failles de l’écosystème national : incomplétude des compétences techniques et professionnelles, culture erratique de la prise de décision, vision indigente de la performance et pratique mafieuse de l’évaluation.

Et voila comment les mathématiques, plus précisément, la topologie, par la théorie des nœuds (ou théorie des cordes) vient au secours de la sociologie pour expliquer l’errance anthropologique d’un collectif. Ainsi, je me permets de répondre à monsieur Seitenfus, vous pourrez broder vos analyses à l’infini pour que vos copains , ces coquins qui sont à la baguette dans les médias, dans les universités et dans les maisons d’éditions en donnent échos pour mieux se projeter dans l’enfumage de la blancophilie, mais ceux qui sont vraiment intelligents et dignes en Haïti savent qu’une énigme n’est que « la face voilée d’un problème qui sollicite un travail de déchiffrement consistant à inventorier des éléments, naturels ou artificiels, pour faire jaillir du sens de  notre « capacité à créer des liens ». (Traces, Énigmes, Problèmes : Émergence et construction du sens, 2006, Megève Rochebrume). Et Haïti quoi qu’on dise, quoi qu’on pense possède encore de nombreuses ressources endogènes  capables de faire preuve de ce comportement cognitif dit intelligent.

Et je voudrais terminer en disant au petit nombre de ceux qui lisent intelligemment mes analyses et en donnent ardemment écho dans leur réseau, que je continuerai malgré les incertitudes à faire luire l’intelligence éthique comme ultime brèche du salut collectif pur le peuple haïtien. Et pour le reste, comme aurait dit Aimé Césaire, qu’importe que mes analyses pertinentes ne soient pas relayées par les médias haitiens et étrangers, qu’importe que les maisons d’édition haïtiennes et étrangères continuent de refuser mes manuscrits, qu’importe que les universités haïtiens restent incapables de comprendre l’urgence de repenser leur stratégie de formation pour y intégrer une composante d’intelligence éthique, foutons-nous en, foutons-nous en, laissons les s’encanailler et s’encrasser dans leur succès précaire, continuons de broder des mots intelligents pour les opposer aux maux de l’indigence. Tôt ou tard , l’intelligence finira par prendre le dessus.


La rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

89 thoughts on “L’énigme de l’invariante défaillance de l’écosystème haïtien enfin expliqué.-

  1. [ii] Defining “stealthing” as non-consensual condom removal,they sought to distinguish it from reproductive coercion and abuse (RCA) which they define as a “deliberate attempt to control a woman’s reproductive choices or interfere with her reproductive autonomy.ダッチワイフ

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