19 mai 2024

« Back up » contre peuple; cadres qui s’avilissent; Pétion-Ville comme symbole de classe

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C’est avec tristesse qu’on regarde des personnes qui ont fait carrière dans la fonction publique ou une profession libérale, poussés par l’appât du gain ou la folie du pouvoir, s’avilir en étant les derniers serviteurs zélés d’un président qui ne préside rien à part la répression. Tel ancien cadre de l’éducation, tel ancien journaliste peuvent-ils dire à leur famille, à leurs anciens collègues et collaborateurs que c’est pour le bien du pays qu’ils restent au service de Jovenel Moïse ! Comment peut-on se prétendre ministe – le mot veut dire serviteur – de quoi que ce soit dans un pays où rien ne fonctionne ? Comment peut-on rentrer chez soi le soir et se regarder en se disant : j’ai accompli mon travail et servi mon pays ? Il n’y a pas de raison patriotique ni éthique d’être encore de cette bande prête à voir un pays déjà mal en point vivre des malheurs encore plus extrêmes plutôt que d’abandonner un pouvoir dont elle n’a fait qu’un usage criminel.

C’est avec tristesse qu’on regarde les commentateurs de la station de radio-télé la plus réactionnaire du pays s’acharner à vouloir faire dire à leurs invités que la révolte populaire (car c’est de plus en plus de cela qu’il s’agit) n’est pas grand chose, qu’on les entend parler au nom d’un « nous » qui exclut ceux qui sont dans la rue, qu’on entend le sous-texte de préjugés bourgeois et petits-bourgeois caché dans leurs propos, qu’on les entend plaider pour on ne sait quel dialogue, fustiger l’opposition, banaliser au possible le mécontentement général. On se dit que c’est ce type de discours et d’attitude qui génère la frustration des masses populaires. L’un de ces commentateurs avait d’ailleurs au cours d’une émission glissé une phrase dans laquelle il félicitait le chef de la police de Pétion-Ville d’avoir « maté la rue » et se demandait pourquoi les autres chefs n’avaient pas fait de même.

C’est avec la même tristesse qu’on regarde les « back up » asperger des manifestants souvent pacifiques de gaz, traquer des citoyens dans des venelles et corridors. C’est avec tristesse qu’on entend qu’il y a eu des morts et des blessés chaque fois que le peuple gagne les rues (tout ce qu’il lui reste). Certains services de la police sont en train de devenir des forces de répression. Le nouveau chef de la police nous doit des explications sur les agissements de certains membres de ses troupes.

C’est avec tristesse qu’on entend certains, fiers de leurs privilèges, résidant à Pétion-Ville où plus loin dans les hauteurs d’un côté, et des enfants de Cité Soleil, de l’autre côté, parler de cette ville comme d’un symbole de classe. Les uns au nom du statu quo. Les autres au nom du changement. Cela vient nous rappeler que ce qui a conduit à ce pouvoir de la filouterie, du crime et de l’incompétence que représente le PHTK, c’est ce système d’injustice sociale et ce mépris du populaire dont ont fait montre les secteurs les plus aliénés de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie.

Les privilèges de quelques uns et la folie d’un homme qui s’accroche au pouvoir valent-ils ce que ce peuple est en train de souffrir ?

Antoine Lyonel Trouillot

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